Vendredi 1er mai
Ce matin j’ai rendez-vous devant le magasin de VTT de M Hui Li. Il organise des sorties hebdomadaires en vélo dans les environs de Kunming. Le départ est prévu à 9 h. Après quelques péripéties je trouve enfin le magasin au moment où tout le groupe se met en route, ils ont l’air très entraînés, il y a des Chinois, des Anglais, un Vietnamien.
Chaque matin, je m’en souviens, dans un square, près de l’échangeur de l’ouest, se tient la « conversation des oiseaux » : les amateurs d’oiseaux (c’est un passe-temps très prisé en Chine) dès 8 h, apportent une ou deux cages chacun, avec son occupant, les accrochent aux branches d’arbre pour que les volatiles puissent converser entre eux à qui mieux mieux. Il s’agit pour ces animaux, d’une thérapie leur évitant de tomber en dépression.
Après avoir assisté à un « concert » de sifflements et de trilles, vers 9h, je me rends au marché aux oiseaux, dans le centre ville où sont encore débout et occupées, de vieilles demeures d’autrefois.
coq de combat
En début d’après-midi je gagne les studio des «Dangsters » troupe de Hip-Hop. Ils répètent devant moi une chorégraphie de plusieurs minutes qu’ils souhaitent monter la saison prochaine.
En sortant je prends un bain de la foule du 1er mai (wu yi Jié), toujours aussi colorée à cause des parapluies qui, ici à Kunming, servent d’ombrelle (à 1900 m d’altitude le soleil est piquant et les UV puissants).
les Dangsters Foule du 1er mai
En retournant à l’hôtel je découvre la mosquée du centre ville, à l’abri des regards, coincée entre les immeubles. Selon les chiffres officiels, la Chine compterait aujourd'hui plus de 100 millions de musulmans. Une petite poignée face aux 1 milliard 370 millions de chinois. Avec une forte prédominance musulmane dans la province du Xinjiang, on en retrouve aujourd'hui un peu partout au-delà de cette province par lequel l’Islam s'est installé entre le IXe et le Xe siècle.
Dans les provinces du nord-ouest, de Gansu et de Ningxia, les musulmans sont également très nombreux ainsi qu’au Yunnan et dans le Henan. On en retrouve surtout dans ce qu'on appelle la « Ceinture du Coran ». Cette zone est formée par les régions chinoises d'Asie centrale, le Tibet et la Mongolie.
La principale majorité est constituée par les Hui. À côté, ce sont neuf autres ethnies, classées par ordre d'importance : les Ouïgours les Kazakhs, les Dongxiang, les Kirghizes, les Salars, les Tadjiks, les Ouzbeks, les Bonans et les Tatares. Certaines de ces ethnies pratiquent conjointement le chamanisme.
Je prends mon repas du soir dans un buibui de trottoir, en face d’une boutique où habitent 3 générations, dont deux des femmes seules avec un garçon de 7 ans environ.
Samedi 2 mai
9 h je rejoins le parc Cui Hu pour assister aux exercices de Taï Ji Quan avec sabres. Peu à peu s’organise comme tous les samedis, la bourse aux mariages, le long d’un mur, hommes et femmes y accrochent ou collent leurs annonces. C’est chaque fois pour moi, ici, aussi bien qu’à Shanghai, dans le jardin du MOCA, la cause d’une grande émotion, et d’une grande tristesse. La profonde préoccupation de toutes ces personnes pour trouver un compagnon illustre l’une des conséquences du problème démographique en Chine.
Bourse au mariage 3 générations sous un même toit
La Chine a adopté sa politique du contrôle des naissances à la fin des années 1970 et le gouvernement estime qu'elle a permis d'éviter environ 400 millions de naissances. La politique a été assouplie en 2013, puis en 2015, et les couples peuvent avoir désormais deux enfants, mais la mise en application n’est pas effective à ce jour, et les couples n’ont pas forcément, à cause du coût de la vie, envie d’avoir 2 enfants.
En 2014, la population de la Chine était de presque 1,37 milliard, selon les dernières données publiées par le Bureau national des statistiques.
Les conséquences de la politique de contrôle des naissances sont multiples.
Avec un sex-ratio de 1,16, ce sont 116 garçons qui naissent pour 100 filles en Chine. Ce déséquilibre entre les sexes est le plus important au monde.
Selon les experts, la préférence traditionnelle pour les garçons et les tests illégaux de détermination prénatale du sexe - notamment en zone rurale- sont les principales causes de cette écart.
Contrôle des naissances dans les quartiers
"Un nombre plus élevé d'hommes signifie une plus grande pression pour se marier. Si plus d'hommes restent célibataires, il pourrait y avoir en outre plus de crimes liés au sexe," explique Gao Rui, professeur de l'Académie des sciences sociales de Shanxi.
Selon les experts, d'ici 2020, le nombre de célibataires chinois s'élèvera à la population totale de l'Australie, soit plus de 23 millions en 2013. Et la plupart de ces célibataires resteront célibataires toute leur vie.
De plus, des parents ayant enfreint la politique de planification familiale choisissent souvent de ne pas demander de hukou (livret d’enregistrement de résidence) pour leurs enfants afin d'éviter de devoir payer une amende, ce qui les prive de l’assurance médicale et du droit à l’éducation élémentaire, et d’existence administrative. Tout récemment le gouvernement chinois a décidé de les enregistrer pour pallier ce manque.
Enfin, on assiste à un vieillissement assez rapide de la population. Il s’accompagne d’une diminution de la main d’oeuvre et de difficultés grandissantes pour la prise en charge des personnes âgées.
A 13 h je prends un taxi pour le nouvel aéroport de Kunming et je m’envole pour Shanghai.
Liens
bourse au mariage à Shanghai
Le mariage dans la jeune génération