chris Admin
Messages : 84 Date d'inscription : 02/02/2010 Age : 77 Localisation : Grenoble- France
| Sujet: (15) Chineur de chinoiseries françaises Dim 23 Jan 2011 - 0:39 | |
| Tous les ménages français ou presque ont un chinois à la maison. Je veux parler de cette petite passoire conique en forme de chapeau chinois. Juste ce qu’il me fallait pour saluer le premier anniversaire du Forum Chine et francophonie, et me pencher sur quelques éléments de langage inspirés par la Chine. Le vocabulaire français a, entre autres, retenu le caractère complexe et raffiné de la civilisation chinoise. Ainsi le qualificatif chinois se trouve t-il accolé à casse-tête et supplice, et le terme chinoiserie désigne à la fois un bibelot venu de Chine mais aussi une complication inutile et extravagante. "C'est du chinois !" (1) : cette exclamation émane la plupart du temps d'une personne qui a sous les yeux un texte auquel elle ne comprend rien ( Voir la leçon 14). Quant au verbe chinoiser qui, à l'origine, signifiait parler l'argot (XIXe siècle), il veut dire maintenant discuter de façon pointilleuse, ergoter, chipoter. Ecartons quelques faux amis. Il nous arrive ici, à Grenoble (France, Isère), de lire dans le journal le titre suivant : "Saint-Laurent : le rendez-vous des amoureux de la chine". Il ne s'agit en aucun cas d’une réunion de sinophiles ou de sinologues. Ici, chine s’écrit avec une minuscule et n'a rien à voir avec l'empire du Milieu. Ce titre signifie simplement que le quartier Saint-Laurent (en rive droite de l'Isère) organise sa brocante dominicale mensuelle. L'étymologie de ce nom commun et de ses dérivés ( chiner, chineurs, chineuses) vient du verbe s'échiner, autrement dit trimer, travailler dur (2). Dans cette chronique, c'est pour le plaisir que je m'emploie, depuis un an, à chiner dans les chinoiseries de la langue française (c'est parfois un casse-tête, jamais un supplice) avec à portée de main une tasse de thé et un flacon d'encre. De Chine. Leçon 15Dire et écrire :Sur le paravent laqué, un artiste calligraphe avait écrit au pinceau : longue vie au Forum Chine et francophonie.
……………………………………… (1) On peut dire aussi : "C'est de l’hébreu !"(2) Un glissement sémantique curieux fait que chiner s'applique au client (qui ne s'échine pas du tout) plus qu'au brocanteur. Chiner (verbe intransitif), c'est être à la recherche de raretés, de curiosités, d'occasions.
Dernière édition par chris le Mar 8 Fév 2011 - 21:40, édité 2 fois | |
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Eugénie Dossa-Quenum
Messages : 17 Date d'inscription : 15/10/2010 Localisation : France - Région parisienne
| Sujet: CHINOISERIE ET BENINOISERIE... Dim 30 Jan 2011 - 4:56 | |
| Bonsoir à tous,
Depuis près d'une semaine je voulais faire une réponse à cette leçon de Chris, mais la célébration du premier anniversaire du site de la francophonie a été prioritaire. En découvrant les deux significations données au terme "chinoiserie", à savoir la désignation d'un bibelot mais aussi "une complication inutile et extravagante", je n'ai pu m'empêcher de penser à celle que supposent les intellectuels béninois. En effet, le terme "chinoiserie " s'utilise souvent dans l'entendement populaire au Bénin comme une "fourberie" et par extension comme une "roublerie". Ce qui caractériserait des actes d'une personne peu honnête et roublarde. Si bien que par extrapolation, s'est installé dans le langage populaire utilisé par certains intellectuels, le terme de "béninoiserie" pour désigner des actes de sournoiserie qui caractérisent quelqu'un qui cache ce qu'il pense et qui agit sans se montrer. Est aussi associé au terme "béninoiserie", la notion de mesquinerie et de méchanceté camouflée...
Bonne soirée à tous. | |
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