admin Admin
Messages : 2514 Date d'inscription : 23/01/2010 Age : 54 Localisation : Beijing
| | L’invité du jour : Chunyan Li | |
A l’occasion du cinquième anniversaire du Forum Chine et Francophonie, nous recevons aujourd’hui Chunyan Li, à l’occasion de la sortie en France en décembre dernier de son livre « Réussir sur le marché chinois : 100 dirigeants révèlent les secrets du casse-tête chinois », le premier de ce genre écrit en français par une Chinoise (éditions Eyrolles, avant-propos et préface par WU Jianmin et Henri Giscard d’Estaing). | Née en Chine et diplômée de l’université de Pékin et de HEC Paris, Chunyan Li vit en France depuis onze ans et voyage régulièrement entre les deux mondes. Elle a accumulé une dizaine d’années d’expériences en Conseil en stratégie, Marketing/Développement commercial et Gestion de projets internationaux dans les deux pays et des univers très variés – télécoms, services, cosmétiques, énergie & utilities, grande distribution, automobile et construction. Elle est fondatrice de FEIDA Consulting (www.feidaconsulting.com), société de conseil qui accompagne les dirigeants d’entreprise sur les questions de stratégie et de performance entre la Chine et la France/l’Europe.
Pourquoi avez-vous décidé de venir en France ? J’étais tout d’abord très attirée par la littérature française quand j’étais encore tout petite : les romans français m’ont tout de suite plu quand j’ai découvert les bibliothèques de mon père, comme « Le Comte de Monte-Cristo », « Les Misérables », ou encore, « Notre-Dame de Paris ». Ensuite, j’ai décidé de poursuivre mes études dans une grande école française, qui me semblait être une belle plateforme pour accélérer ma carrière. Enfin, la France restait aussi une belle fenêtre de toute l’Europe pour découvrir les paysages et les cultures de cette dernière. | Pourquoi ce livre « Réussir sur le marché chinois » ?Depuis mon arrivée en France en 2003, je me suis rendu compte petit à petit que malgré une longue histoire d’amitié entre les deux pays, il existait encore beaucoup d’incompréhensions vis-à-vis de la Chine et des Chinois. En même temps, le marché chinois était devenu incontournable, suscitant débats et passions, mais la présence française me semblait encore insuffisante en ce qui concernait les exportations, les investissements directs et la part de marché en Chine – sur ce dernier indicateur, par exemple, en 2013, elle n’était que 1,2% comparé à 4,8% pour son voisin allemand. L’idée m’est donc venue un après-midi en 2010 : pourquoi ne pas écrire un livre pour aider les entreprises françaises à mieux réussir là-bas, et à mieux collaborer avec les Chinois ? En quoi votre ouvrage est-il différent des autres concernant la Chine ? Tout d’abord, il combine véritablement deux angles de vue – occidental et chinois. Deuxièmement, il privilégie une approche pragmatique, basée sur le témoignage de cent dirigeants et entrepreneurs – essentiellement français et chinois - qui possèdent une expérience du terrain irremplaçable et une bonne connaissance des deux univers. Enfin, il analyse en profondeur l’influence culturelle sur les affaires, sachant que toute affaire revient finalement à la relation humaine. | Quel premier conseil donneriez-vous aux entreprises francophones qui souhaitent développer leur business en Chine ? Le « pragmatisme » ! En Chine, tout évolue très rapidement, de nouveaux concepts, produits ou besoins des consommateurs émergent sans cesse. On est aussi prêt à travailler le soir voire le week-end pour faire avancer des projets. Il faut donc rester réactif, atteindre son objectif avec pragmatisme, et oser prendre certains risques voire un certain niveau d’incertitude ou d’irrationalité. En France, par exemple, on a toujours tendance à tout analyser et structurer avant d’agir, mais en Chine, il faut savoir s’ajuster et aller vite voire très vite, sinon, on risque d’être toujours en décalage avec les réalités du marché.
Un exemple de l’influence culturelle sur les affaires ? Par exemple, nombreux managers occidentaux se plaignent du fait que leurs collaborateurs chinois manquent d’initiative. Il faut d’abord comprendre que la culture chinoise n’encourage pas la prise d’initiatives ou le fait de sortir de la masse : cela est considéré comme « dangereux » et pourrait attirer des ennuis, comme l’illustre ce proverbe chinois, « le fusil vise l’oiseau dont la tête sort de la nuée ». Un collaborateur chinois peut donc avoir peur de déplaire à son chef en proposant différentes idées. Et puis, la hiérarchie est multipliée par dix comparée à celle existant en Europe, quand un chef chinois prend une décision, il n’a généralement pas besoin de consulter ses collaborateurs, ni de leur expliquer le raisonnement de la décision. Enfin, le système d’éducation chinois est plutôt passif aussi.
Les employés chinois sont donc plus disciplinés pour exécuter les décisions de leurs chefs. Une fois qu’on a compris tout cela, il faut savoir compenser cette spécificité culturelle par des « contre-mesures » : développer une culture d’entreprise qui valorise clairement la prise d’initiative avec des compliments voire des récompenses, montrant qu’il y n’y a pas de risque à le faire. Et puis, déléguer davantage de responsabilités aux managers chinois, une fois qu’ils ont passé une première phase d’observation, afin de les motiver et impliquer davantage dans la réussite de l’entreprise. Il y a déjà des cas réussis qui ont prouvé l’efficacité de cette approche.
(Editions Eyrolles, décembre 2014, 272 pages, 24 Euros) |
| |
|