La bière belge a de plus en plus d' amateurs en Chine. Notre invité du jour est aujourd'hui Hugues Van Poucke, un Belge dont la brasserie wallonne vient d'être rachetée par un homme d'affaires chinois via une holding sino-française.
| Né à Bruges, de formation ingénieur électronique, j'ai démarré chez Sony et Siemens dans l'électronique et en 1990 j'ai pu démarrer une société pour Siemens. En 1993 j'ai lancé ma propre société de reconditionnement après un sinistre incendie-dégâts des eaux. Avec cette société, j'ai été élu manager de l'année de la province du Brabant (Bruxelles et alentours) en 1996. En 1999, ma femme et moi avons créé la Brasserie d'Ecaussinnes dans un ancien château ferme qui a été un relais de poste et a appartenu à la comédie française.
Il y a treize ans pourquoi avoir décidé de racheter une brasserie, d'où vient cette passion ? |
Nous avions reçu une invitation pour visiter des brasseries. Pendant cette journée on s'est dit, pourquoi ne pas faire de la bière? On avait un grand beau site, Isabel ma femme travaillait à la Sabena qui a fermé à ce moment et on voulait faire quelque chose à deux. On ne connaissait rien à la fabrication de bière, mais nous avons engagé un ingénieur brasseur pour nous apprendre le métier. Quand on est allé voir le bourgmestre d'Ecaussinnes, il disait qu'il fallait refaire la bière d'Ecaussinnes "Ultra".
Une petite présentation de la brasserie et de la Bière Ultra ?On a démarré avec une brasserie qui se trouvait en Tsjechie, mais n'était jamais utilisée. La capacité de la brasserie était 11.2HL/Brassin. Comme on vendait chaque année de plus en plus en 2006 on a refait une toute nouvelle brasserie dans un nouveau bâtiment d'une taille 5 fois plus grande avec des brassins de 43HL et tout automatisée.
Au début on avait une gamme avec une blonde, ambrée et une brune. Très vite se sont ajoutées une fruitée et une légère blonde (Ultra soif) de 5%. A chaque Noël, on faisait une bière spéciale et quand elle avait du succès elle recevait un autre nom.
Ainsi on a fait Ultra délice, la Penneffoise, La Loubécoise et la cookie beer. A la demande de clients, on a réalisé des bières très spéciales comme les bières aux fleurs, les florilèges (de rose, hibiscus et pensée), ainsi que la bière au Goji (fruit du Tibet) et une blanche citronnée au citron sicilien.
Maintenant, nous proposons une gamme très large de près de 16 bières différentes.
Parlez-nous du rachat de la brasserie par un homme d'affaire chinois Nous avons fait une brasserie ultra moderne et d'une capacité trop grande pour ce qu'on vendait. On s'est dit que le jour où on aurait éventuellement un client chinois qui voulait commander de très grosses quantités, qu'on serait prêt et que les autres brasseries allaient peut-être demander de signer des contrats et puis faire un investissement qui allait prendre quelques mois. Un jour j'ai eu un coup de téléphone de la région wallonne pour rencontrer un client chinois. On me disait également qu'il recherchait une brasserie en Belgique pour acheter. Nous nous sommes rencontrés très vite et l'intérêt du rachat y était immédiatement. Cela a pris environ un an pour que tout soit fait. Les deux premiers containers sont partis en Chine avec une blanche et maintenant on teste le marché avec ces bières. Comme chaque pays est différent au niveau des goûts on s’adapte au marché.
Ce rachat modifie t-il le statut de votre entreprise? Quels vont êtres les changements dans son fonctionnement ? Il y a peu de changement pour l'entreprise. Nous allons seulement produire beaucoup plus et engager encore quelques personnes. Nous ferons encore quelques investissements au niveau des machines. On conserve la méthode de travail d'une façon artisanale. Nous aurons seulement un contrôle plus sévère dessus.
Les parts prises par le racheteur dans le capital sont importantes (plus de 60%). Votre liberté de manoeuvre ne va t-elle pas en souffrir ?La seule condition de notre acheteur est que nous lui fabriquions ce qu'il nous commande. On exploite pour l'instant encore d'autres marchés où lui n'est pas actif. C'est toujours aussi notre rôle de continuer notre propre gamme et de vendre le maximum.
Voir, L'invité du jour : Patricia Déon