En 1570 paraît en Chine, en langue vulgaire, un livre bien étrange, « La pérégrination vers l’Ouest », « Xiyou ji »
西游记, écrit par un certain Wu Cheng’en. C’est un des plus grands « classiques » de la littérature chinoise
Tang Sanzang (唐三藏), Tripitaka de l'Empire des Tang, (ou encore Xuanzang) se rendit de Chine en Inde pour en rapporter les textes authentiques afin de les traduire en chinois. Pur et dévoué, il a été choisi par la déesse Guanyin pour rapporter d’Inde les écritures saintes qui sauveront la Chine de la décadence. Au cours de son périple l’aide de ses compagnons lui fut très précieuse.
Il étaient quatre. D’abord le roi Singe, Sun Wukong ( 孫悟空 ), dont le prénom signifie "Conscient de la vacuité", est le personnage le plus emblématique du roman, impulsif, arrogant et facétieux, il est doté d’un bâton magique, de facultés phénoménales dans la pratique des arts martiaux. Enclin au combat, il s’assagira et se rachètera à l’issue du pèlerinage.
Vient ensuite 白龍馬 Bai longma, le cheval qui sert de monture au bonze, un cochon ou sanglier (豬八戒 Zhu Bajié), prénommé "Huit interdits religieux" ou (悟能 Wuneng) "Conscient de ses capacités" et enfin un bonze des sables, Sha Seng(沙和尚) Moine des Sables, aussi prénommé Wujing (悟净) "Conscient de la pureté".
Les 4 voyageurs, Lianhuanhua de 1980 La pérégrination vers l’Ouest est un pur récit fantastique qui visite l’imaginaire dans tous ses recoins. Le roman de Wu Cheng’en parut au XVI° siècle, dans une période troublée de la Chine, sous la dynastie Ming, et eut un énorme succès car son sens symbolique était clair pour les Chinois d’alors.
Mais, le vrai voyage du personnage historique date du VIIe siècle (629-645), son objectif était de recueillir à leur source indienne les sutras, les canons de l’enseignement du Bouddha. C’était sous la dynastie des Tang, qui entérina officiellement le bouddhisme comme « troisième voie d’enseignement », et cautionna le voyage de Xuangzang en Inde.
Rien ne sera plus comme avant dans la pensée chinoise, les notions de mérites et de récompense des bonnes actions vont s’ajouter au culte des ancêtres, à la notion de piété filiale et du décret des étoiles (confucianisme et taoïsme).
Mais c’est surtout Sun Wu Kong, le roi singe qui a la primeur puisque sa biographie occupe près de la moitié du récit. Sa moquerie, ses astuces et tromperies mettent sens dessus dessous l’ordonnancement des dieux et de l’administration divine. Il personnifie l’intelligence humaine face aux pouvoirs des dieux et des puissants du monde.
Sun Wukong de Jian yi, 2008 Au XXI° sèche son histoire est encore très vivace et est toujours le sujet d’oeuvres et créations artistiques du théâtre, de l’opéra chinois, de la BD chinoise aussi bien qu’européenne. Les lianhuanhua, «images enchaînées », publiées sous forme de fascicules oblongs, ont repris tous les épisodes des facéties de Sun Wu Kong dans les années 80.
En Italie, Milo Manara, a réinventé le voyage en 1976 (édition française chez Glénat en 2013). Jian Yi, auteur de BD a publié un album en français chez Delcourt (2008). Et tant d’autres pour petits et grands qu’on ne peut citer.
Le roi singe de Manara "Le miroir" à Lyon juin 2013 Lien :
Le roi singe à Lyon