Week-end à Shanghai : Xinjiletu, étudiant chinois à Grenoble, rencontre d’une femme d’affaire sénégalaise, les points communs entre l’Afrique et la Chine, des millions de motos électriques
Dimanche 19 avril 201510 h j’ai rendez-vous avec Xinjiletu, chinois d’origine mongole, étudiant à Grenoble, il enseigne le FLE ici à Shanghai jusqu’en juillet. Après l’achat d’une carte de téléphone, nous nous rendons en taxi au temple de Confucius où se tient tous les dimanches, le marché aux vieux livres. Je suis à la recherche de « petits livres », ces fascicules de bandes dessinées pour compléter ma conférence-diaporama sur l’histoire de la BD en Chine. Les prix de ces Bd ont beaucoup augmenté depuis 2013, année où j’en ai acheté lors de mon séjour à Shenyang. Je trouve « Le détachement féminin rouge », ouvrage publié pendant la Révolution Culturelle.
Marché aux vieux livres dévotionsNous visitons le temple puis nous allons manger dans un restaurant musulman. J’en profite pour questionner Xinjiletu sur ses études en France et son stage d’enseignant de FLE à Shanghai, en vue d’un article sur le forum. Je l’emmène ensuite visiter le temple taoïste du centre commercial Yu, il n’en croit pas ses yeux de voir la foule des gens faire leurs dévotions pour implorer les faveurs des dieux.
Ensuite nous flânons dans le célèbre et magnifique jardin Yu, l’un des plus beaux de Chine, datant du XVI° siècle. C’est un labyrinthe de cours, de pavillons, de mares aux poissons colorés, de rocailles « pour méditer », destiné au repos de l’esprit. Après avoir raccompagné Xinjiletu au métro, je rentre à pied par la rue du Sichuan, jusqu’à l’hôtel.
Jardin Yu feu rouge!
Je trouve un mail de M’Basse, une sénégalaise rencontrée dans l’avion qui vient pour affaires à Shanghai, elle est seule et ses rendez-vous sont demain, lundi. Nous nous retrouvons à 16h 30 Nanjing Dong Lu, après quelques péripéties car elle m’attendait à un autre endroit que celui convenu. «J’étais une curiosité locale, on m’a même demandé de pouvoir être photographié avec moi ! »
Nous avons une conversation à bâtons rompus, devant un verre. Elle m’explique son parcours et me dit combien elle a le sentiment que la Chine et l’Afrique sont proches. Elle m’énumère tous les points communs qu’elle trouve entre ces deux continents. Les voici, en vrac.
La cuisine épicée, certains légumes et produits tropicaux, une société qui repose sur la famille intergénérationnelle, et aussi la famille élargie, parfois même la tribu ou le clan, la solidarité dans ce groupe avec les « tontines, l’existence des minorités ethniques et le grand nombre de langues dites « mineures » (plus de 60 en Chine), les inégalités de richesse et de développement dans la société, l’exode rural vers les villes, la situation de la femme, qui malgré les évolutions et les progrès, reste problématique, les petits métiers présents dans les villes, les vendeurs à la sauvette, le syncrétisme des religions, en Afrique : 50% d’africains musulmans, 50% chrétiens, 100% animistes. En Chine : les 3 enseignements mais les Chinois sont tous superstitieux, et on constate une forte montée de la spiritualité. Je suis un peu abasourdi par cette liste abondante des points communs entre Chine et Afrique.
Je lui montre ensuite l’Opéra et le Musée de Sanghai. Comme le restaurant populaire proche du consulat de France est fermé, nous allons dîner dans un centre commercial, au-dessus du point de vente Apple.
Elle a pour projet de faire des affaires avec la Chine, de vendre des bois précieux africains aux Chinois, mais, affirme-t-elle, en respectant l’environnement, et, à terme, de fabriquer des meubles en Afrique pour les exporter en Chine.
Le restaurant est d’un très bon rapport qualité-prix. Je la raccompagne à son hôtel sous la pluie.
Lundi 20 avrilIl pleut. Je vais visiter la grande poste de Shanghai, construite en 1930. Elle abrite une exposition des postes chinoises.
En fin de matinée, j’assiste depuis la fenêtre de ma chambre d’hôtel, à un accident de la circulation entre un taxi et une moto électrique qui n’a pas respecté le feu rouge. Le motard se relève en boitant, la moto est coincée sous l’avant de l’auto. Le chauffeur de taxi la dégage et la redresse, le motard, qui ne porte pas de casque, se tâte les jambes, se frotte les bras, récupère son engin et repart sans demander son reste. Il ne doit pas être assuré. Je constate en effet que le nombre des ces motos est en forte augmentation depuis quelques années en Chine.
On voit de plus en plus de vélos et de motos électriques c’est pourquoi des couloirs de circulation spéciaux pour deux roues sont aménagés dans toutes les villes. Ces deux roues électriques sont très dangereux pour les piétons, d’abord parce qu’ils sont silencieux et surtout car ils ne respectent rien, surtout pas le code de la route qui leur est inconnu. Sans casque ni assurance, ils roulent sur les trottoirs, empruntent les passages réservés aux piétons, circulent à contresens, ne respectent pas les feux. Les agents de la circulation montrent une vigilance et une sévérité accrues à l’égard des deux roues complètement indisciplinés.
Cette prolifération s’explique par la baisse des coûts de production de ces engins, par l’élévation du niveau de vie, et le prix élevé des autos, et enfin par la facilité et le faible coût d’utilisation : ils se rechargent grâce à une simple prise de courant !
Un vélo électrique coûte entre 150 et 200 €, une moto électrique entre 300 et 400 € (1 mois de salaire moyen).
Au surplus, posséder un de ces engins permet de compléter ses revenus en faisant office (illégalement) de taxi de quartier, à la sortie de bouches de métro, en se transformant en livreur de petits paquets, ou en marchand non sédentaire sur le trottoir pour vendre de petits articles, faciles à transporter.
Ce phénomène se constate dans toutes les villes chinoises.
motos taxis à la sortie du métro vente sur le trottoir
Lien :
Avril 2015 en Chine (1)
Entretien Xinjiletu