 | Spécial "Chine et Francophonie en fête", avec notre invité Pierre Marée, originaire de Wallonie (Sud de la Belgique), venu au départ pour la première fois en Chine suivre un stage de formation. Une expérience qui l'a enchanté puisqu'il a alors décidé de venir s'installer dans le pays en 2005. Le Belge partage désormais sa vie entre Beijing et Harbin, où il gère ses activités professionnelles et fait aussi la promotion de la cuisine belge. |
Pourquoi avoir choisi de partir en Chine ?J'ai toujours été attiré par la culture chinoise et j'ai eu l'opportunité de venir suivre un stage de formation d'un mois pour un client belge, ici à Beijing en 2005 (application de procédé de digitalisation dans l'industrie photo). Las de mon activité en Belgique (chef d'entreprise dans le domaine de l'automatisation), un couple qui "s'était tout dit", j'ai choisi de quitter progressivement la Belgique et de venir m'installer en Chine.
Je travaille depuis 2006, j'ai épousé voilà 3 ans une Chinoise architecte de formation, qui m'aide dans mes activités.
Parlez-nous des procédures pour pouvoir travailler et gérer votre usine en Chine, et d'après vous quels sont les secteurs les plus porteurs ?Mon parcours est spécifique. Peu d'étrangers s'improvisent "petit chef d'entreprise" en Chine ! Il faut vraiment le vouloir pour arriver à ses fins ! Comment travailler? Comment gérer ? Il n'y a pas de secrets, hormis les avantages sociaux et autres qu'offre la Chine, il n'est pas plus facile de réussir ici qu'en Europe ! La seule recette est d'être courageux et de ne pas compter ses heures... En ce qui concerne les formalités, pour faire simple, il y a deux chemins. La création d'une société en "joint venture" (qui est fortement conseillée par l'administration chinoise, mais qui impérativement donne la responsabilité de gestion et la majorité des parts à un Chinois) et la société "WOFE" (société à capitaux exclusivement étrangers et gérée uniquement par des étrangers). C'est cette dernière que j'ai choisie. Mais il faut s'armer de patience et pouvoir prouver sa solvabilité, sa compétence, et bien plus. C'est un long parcours semé d'embûches destinées à décourager l'entrepreneur qui ne souhaite pas partager les bénéfices et surtout les technologies avec un partenaire chinois (il faut savoir que tout apport de technologie, de brevet, d'innovation, devient automatiquement propriété chinoise en cas de joint venture). Sans mon épouse chinoise, je n'y serais pas arrivé.
Les secteurs porteurs ? Je pense que tout est à prendre actuellement! Certains plus faciles et plus avantageux que d'autres, tout dépend de l'audace et de la capacité de chacun, et puis tout change tellement vite. Il y a 30 ans en Europe, on apprenait un métier pour la vie, maintenant il n'est pas rare de changer plusieurs fois de métier, ou de les cumuler.
Les Chinois sont-ils accueillants ? Est-il facile de s'intégrer et de faire de nouvelles connaissances? Le Chinois par nature est curieux et avide de connaître les "laowaï". Les habitants de Shanghai sont détestables, les Pékinois sont avenants, j'ai la chance de connaître beaucoup de ruraux, et là, sans exception, on peut dire qu'ils sont accueillants, généreux, sociables.
S'intégrer ? Bien sûr c'est facile, il suffit d'être un peu avenant, sociable. Le reste vient naturellement. Rencontrer du monde? Facile ! Prendre le temps, se promener dans un parc, faire son shopping dans les petits commerces, sympathiser. Dans la vie professionnelle, c'est plus difficile, il faut pouvoir s'affirmer, faire preuve de richesse, d'importance sociale, le "tape à l’oeil" a beaucoup d'importance dans cette classe sociale !
Mais en règle générale, se comporter simplement et laisser le temps au temps. Il faut aussi définir "qui" on veut côtoyer...
A quoi ressemble aujourd'hui votre quotidien d'expatrié ?Je partage mon temps entre Beijing, Harbin et les 5 continents où nous vendons nos machines.
Dans l'esprit de partage des cultures, je participe à la promotion de la cuisine occidentale, et produits comme les bières belges, par des émissions culinaires à la tv chinoise, je gère une cantine "western food" d'université ici à Beijing.
En dehors de mes activités professionnelles, j'aime découvrir la Chine, son histoire, sa culture, ses lieux historiques et touristiques. Tel est mon quotidien...
Partie de l’enseigne de la cantine universitaire à Beijing Une idée reçue sur la Chine qui s'est avérée totalement fausse ?La Chine est un pays communiste : FAUX ! (en théorie, oui bien sûr! En pratique, non) Hormis la politique générale et certaines lignes de conduite (sur lesquelles je ne m'attarderai pas), la Chine permet la libre entreprise de tout ce qui peut générer un bénéfice! Chacun a l'opportunité de s'enrichir, les démarches administratives ne sont pas comme en Europe, on n'a vraiment pas le sentiment d'être "encadré".
Les Chinois sont petits et maigres : FAUX ! Depuis quelques décennies, le meilleur équilibre alimentaire a permis de voir évoluer la taille de la population. Beaucoup de Chinois(es) sont de grande taille et certain(es) deviennent obèses par la prolifération des fast-foods de mal bouffe américains.
Après 7 ans en Chine, vous sentez-vous toujours expatrié, quels sont vos futurs projets ?Oui ! Quoi qu'ayant le sentiment d'être parfaitement intégré, vivre 45 ans dans son pays natal pour ensuite s'expatrier... ça ne s'oublie pas ! Je ne regrette rien de ma décision, mais quoi qu'il en soit, on garde toujours la nostalgie de ses origines, de sa culture.
Je ne pense pas revenir en Belgique, je n'y ai presque plus de famille, mon épouse et moi même pensons partager notre temps entre la Chine et l'Amérique du Sud où je séjourne régulièrement pour les affaires, et pourquoi pas prendre des vacances de temps à autre dans notre bonne vieille Europe !
Que représente pour vous la fête de la Francophonie en Chine ?Quoi qu’il arrive, quelles que soient les circonstances, on reste sensible à ses racines culturelles et linguistiques… Et on reste bien plus sensible à un tel évènement lorsqu’on le vit en dehors d’un contexte routinier. L’oreille est particulièrement attentive ce mois-ci à toute activité ou initiative visant à la promotion, la pratique du français. Et on ne peut qu’encourager cette initiative.
Et ce 20 mars, un jour « charnière » dans ce mois dédié à notre belle langue, un peu comme ponctuer un évènement sportif ou une fête religieuse… Quel bonheur de pouvoir la parler, la colporter, la partager, l’enrichir, l’écouter sous tous ses accents… C’est un jour de mise à l’honneur de quelque chose qui vous tient à cœur, qui fait un peu partie de vous… Bonne fête à tous !