Billet de Paris (2)

Je n’avais jamais pensé qu’(ex) expatrié français rimait à riche (ex) exploiteur plutôt qu’à explorateur, cosmopolite ou homme du monde, par exemple, pour l’imaginaire de mes actuels concitoyens, les Français Mainland. Mais je peux vous certifier que c’est le cas et la législation de ce pays le confirme. Je m’explique : d’abord, il est impossible de louer un appartement, sans fournir ses très actuelles trois dernières quittances de loyer en France, pour trouver une location… en France ! Ensuite, il est impossible de louer sans fiches d’un salaire qui court et après lequel on court (d’où la locution “coureur sans frontières”), mais difficile d’avoir un salaire avant de re-habiter le pays ! Enfin, si la solution serait d’acheter son logement, à environ 8000 Euros le mètre carré à Paris, on a intérêt à avoir été un ex très excellent exploiteur.

Du reste, une mutation professionnelle est rare comme les entreprises qui emploient à la fois en France et en Chine sont très peu nombreuses, du moins pour le moment. Quant aux détachés de l’éducation nationale et aux employés de services consulaires qui seraient de retour et réintégreraient leur ancien poste de travail, ils représentent une population peu abondante. Finalement, c’est bien la famille, d’origine, restée en France, qui le plus souvent assume matériellement le retour au pays de l’étourdi ex expatrié français qui s’est risqué au voyage sans même avoir eu le bon goût de s’enrichir.

De nature distraite, j’oubliais de m’enrichir en Orient et je n’ai point de famille. Le pire : à peine habituée à mon obscure ponctuelle sous location parisienne de sous-sol ne voilà-t-il pas que la propriétaire se décide de le mettre en vente !

Qui voudra savoir ce qu’il advint de mon existence n’a qu’à prêter l’oreille aux explications du prochain billet.

Billet de Paris