Visite dans une lamaserie voisine, la vie quotidienne dans le hameau, l'absence d'hommes, construction de cloisons en briques de terre, le départ approche, étape à Shangrila en direction de Chengdu
Dimanche 08 avril 2012
Mauvais temps, froid et petite pluie. Je travaille à l'ordinateur sur l'article de Huo Datong, "l'inconscient est structuré comme l'écriture chinoise"…. L'après midi beau temps, bricolage, mesures du toit, nous traçons avec Estelle, l'aplomb de la cloison de la terrasse pour demain. Nous allons rendre visite à la lamaserie en dessous du hameau où est retiré un tulku, (réincarnation d'un lama ancien), dont s'occupent deux religieuses et trois moines. Un verger magnifique entoure les bâtiments modernes, pêchers, cerisiers, pommiers, noyers, oliviers non entretenus, beaucoup de rosiers, tulipiers, pivoines, giroflées. Une nonne charmante nous fait visiter. Nous demandons des boutures de fleurs et d'arbres que nous rapportons à la maison. Plantations, arrosage du jardin, tuteurs des tomates. Constantin, Phoebe et Guillaume de retour de la messe de Pâques à Zhongshe (dans la vallée du Mékong chez les tibétains catholiques) s'annoncent pour demain midi.
J'ai oublié de préciser quelques remarques sur la vie ici, très proche de celle de l'Atlas marocain. Sauf que les vaches sont plus petites, elles ont la taille d'un veau chez nous (plus petites que nos génisses), elles ressemblent à des yack, et, comme au Maroc, elles ne sortent pas (il n'y a pas de prairies). Chaque jour les femmes vont à la recherche de le nourriture du bétail : herbes folles, ou désherber les champs de céréales (en ce moment le blé est haut et bien formé, la moisson se fera en mai). Les femmes ont le même geste qu'au Maroc pour lier la poignée d'herbe qu'elles tiennent en main. Les hommes sont absents (soit ils travaillent en ville soit sont chauffeurs, certains vivent avec une 2e femme au loin), ceux qui restent ne font rien, ils arrosent ou prient, le chapelet à la main. Il n'y a pas d'enfants (ils sont internes en cité scolaire au chef lieu), à part les tous petits, un ou deux jeunes travaillent à l'hôtel du hameau. Beaucoup de femmes seules qui assument tout, toutes seules : provision de bois, cultures, bétail.
Lundi 09/04
Ce matin avec Sema Zhemu nous commençons le mur en briques pour fermer la terrasse, nous montons 5 rangs de briques en terre, elle fait les allées et venues entre le jardin où ont séché les briques et le 2° étage de la maison, les briques sont lourdes et il faut monter aussi de la terre liquide pour les joints et de l'eau pour tout humidifier avant assemblage. Constantin, Phoebe et Guillaume arrivent à 13h. Repas dans la gaieté. Ils partent vers 15h, Estelle avec eux pour ses visas. Sema fait la vaisselle et nous commençons la cloison de la chambre d'Estelle, 2 rangs de briques, jusqu'à 16h. Ensuite je vais faire un tour au village, je découvre un magasin de bois tourné. Estelle m'appelle pour me dire qu'elle doit aller ce soir à Kunming par le bus de nuit pour ses papiers. Elle rentrera demain ou mercredi.
Mardi 10/04
Ce matin relâche. Je rédige mon journal, relis et ajoute certains éléments. Je range mes affaires et commence à organiser mon sac de voyage.
Am, nous continuons les cloisons en terre, dans la chambre d'Estelle et le mur de la terrasse. Bien avancé. Estelle me dit au téléphone que le consul a souhaité repasser chez elle à son retour de Deqing. Elle a enfin son visa de travail, s'arrêtera demain à Sangrila pour le transformer en visa permanent, elle est toute contente. Au dîner j'écoute en mangeant les cantates de Bach, enregistrées sur mon ordinateur.
Mercredi 11/04
Dernier jour à Bairen. Je me sens partagé, à la fois désireux de rencontrer de nouvelles personnes passionnantes (j'ai déjà 2 rdv à Chengdu), et à la fois triste de quitter le hameau tibétain et ses habitants. Ici tout le monde m'appelle "shushu", oncle, en chinois, sans doute à cause de mon âge, et je sens que je commence à être reconnu par tous : ceux qui passent devant la maison, ceux que je croisent dans le hameau, ceux que je vois de loin, tous me saluent, de la main ou en paroles, me sourient.
C'est une grosse journée de travail : fini le mur en briques de la terrasse. Nous arrêtons à 5 h.
Puis c'est le retour d'Estelle.
Jeudi 12/04
Départ de Bairen en baoche à 9h, deux heures de route jusqu'à Shangrila. Douche chez Constantin, Guillaume garde la maison pendant son absence. Je déjeune dans le restaurant tibétain de Damien et Ting. Guillaume me fait faire un tour de ville puis une balade au dessus de la ville, ancienne forteresse en terre, temple au sommet avec multitude de drapeaux de prière. Visite du mémorial du passage des troupes de la Longue Marche en 1936.
Plafond idem Atlas marocain - Mur en briques de terre de la terrasse Vignes dans le hameau - Le mur de la terrasse achevé Vue de la vieille ville de Shangrila - Drapeaux de prières au sommet de shanrilaDamien et Guillaume