14/11- A travers la montagne du Nujiang au Mékong.Remontant la rive droite du Nujiang, le minibus local nous dépose à l'entrée d'un pont. Dimaluo, le village de notre guide est à 10 km. C'est un camion sans âge qui finalement nous dépose chez lui. Toutes les bâtisses du village sont en bois et pour cuisiner on ne connaît que ce matériau ! Que se passe t'il quand le feu se déclare ? La nuit est tombée accompagnée de son froid pinçant. Un bon dîner et effectivement un bon feu de bois au centre de la pièce commune vont nous réchauffer. Tout se passe au sol mais aux murs, un Sacré-cœur Sulpicien et une Vierge nous rappellent que nous sommes en terre chrétienne chez des Tibétains. Le dîner préparé au wok est copieusement arrosé d’alcool de maïs ; nous apprécions mais un peu de thé ferait du bien.
Comme dans bien d'autres campagnes, la nuit sera ponctuée par le concert des ânes, des cochons, des poulets et des chiens qui s'émeuvent dans la nuit. Deux lits nous attendent dans une grande chambre dont les fenêtres ont depuis longtemps perdues leurs vitres. Très bienvenues, des couettes épaisses nous permettent de sombrer dans un bon sommeil. Ce ne sera pas toujours le cas dans ces contrées aux climats extrêmes. Une bonne lampe frontale n'est pas de trop pour trouver les toilettes qui dans ces villages sont très souvent voisines de l’habitat des cochons !
Au petit matin le déjeuner n'est pas de trop pour prendre des forces. Nous sommes à 1800 m et le col qui va nous faire basculer sur le Mékong est à 3750m. Avant le départ notre hôte nous fait visiter son installation « Alcool de maïs », feu et alambic. C'est primitif mais parfait.
Nous voilà partis à quatre + deux mules. Nos deux compagnons n'ont pour tout bagage qu'une besace et une gourde d'alcool. Les nôtres trônent sur le dos d’une mule. La deuxième sera d'un bon secours pour Wendy qui découvre la randonnée en montagne. Il fait dans le petit matin un temps frisquet mais magnifique. Au passage une femme charmante nous offre un plein panier de pommes. Les petits villages défilent : Pu La, Tong Deng. Chacun a sa petite église de style tibétain, charmante. A Tong Deng, une carte postale de Notre-Dame de Paris nous vaut un coca que nous offre une jeune Tibétaine au bon sourire. Elle n'a que cela dans sa petite boutique. Nous sommes émus.
Puis c'est la grande nature dans la montée. Une des plus belles forêts que j'ai vu en Chine. Des arbres immenses de plus de 40/50 m. de haut, des feuillus. Plus personne et pourtant au détour d'un chemin, un chasseur insolite. Vêtu d'un pagne, il est armé d'une arbalète. Que peut-il bien attraper ? Nous ne le saurons jamais ; il disparaît effarouché. Selon Mr HU, ses flèches à la pointe empoisonnée tueraient à 50 m.
Le jour décline aussi vite que nous montons. L’altimètre indique 2700 m. quand nous abordons une belle petite clairière. C'est là, sous un abri en bois, que nous allons passer la nuit. Déjà nos guides s'affairent autour d’un beau grand feu. Deux doubles planches vont faire office de matelas. Dîner spartiate et nuit encore plus, après que les dernières braises se soient éteintes. La Bise se propage au ras du sol. Mais dehors, quelle belle nuit étoilée ! Ces nuits étoilées ne nous quitterons plus jusqu'à Lhassa : elles sont indescriptibles tant elles sont belles et denses en étoiles du fait de la pureté de l’air.
15/11 : Emotion, au petit matin, une des mules entravées a disparu. Il faut 15 minutes à Mr HU pour la ramener. Notre montée reprend au milieu des rhododendrons géants puis de petits bambous qui font penser aux Colihue de Patagonie.
Vers 11 heures le col est atteint. Un panneau indique: Col des montagnes du Paon, 3750 m. C'est l'occasion d'un petit stop bienvenu mais surtout d'une séance photo. Le paysage est ouvert jusqu'aux Meili-Xueshan malheureusement couvertes de nuages.
La descente est confortable ; notre petite sente s'est transformée en un beau chemin. Avec le col, nous avons quitté les terres chrétiennes. Nous voici en terres Bouddhistes de nouveau. Cette contrée, rattachée au Yunnan, faisait partie du grand Tibet. Il nous faudra cinq heures pour atteindre le premier village, là où nous allons passer la nuit.
Notre hôtesse nous accueille avec chaleur ? Sa bâtisse est typiquement Tibétaine : gros murs de pierre passés à la chaux. Les fenêtres magnifiques sont encadrées de gros madriers de bois grossièrement équarris.
Voilà une bonne occasion de récupérer de la nuit précédente. Un détail amusant : en hauteur, les toilettes extérieures font à peine 1,40m, mieux vaut être petit ! Dans la nuit, la lumière de notre lampe torche déclenche le réveil du poulailler persuadé que le soleil se lève. Naturellement cela excite les cochons, un vrai tintamarre que cette randonnée nocturne.
16/11 : Le Mékong puis Deqin. La descente du matin est une vraie promenade. Les villages aux belles maisons Tibétaines se succèdent. Le pays semble plus riche que côté Nujiang. Les autels Bouddhistes, les Chorten, les drapeaux ornent les entrées de village. Le Mékong est là, trois heures plus tard ; nous sommes revenus à 1800 m. L’heure est venue de régler nos guides : est-ce la tradition de ces montagnes dans tous mes treks, on ne règle qu'à la fin et il n’y a jamais de discussion sur le prix convenu. Tout se passe très vite. Wendy a la larme à l'œil quand nous voyons nos guides enfourcher leurs mules. Je suis ému aussi, mais je me demanderai toujours comment ces hommes peuvent tenir le coup en ne buvant que de l'alcool. L'eau, ils ne semblent pas connaître.
Au bout de la passerelle qui enjambe le Mékong le bus journalier s'est arrêté pour nous.
Nous remontons la vallée du Mékong, moins spectaculaire ici que celle du Nujiang.
Deux heures plus tard nous atteignons Deqin à 3500 m. Cette petite ville est, par la G 214, un des points d'accès routiers au Tibet puis à Lhassa. Elle est célèbre pour être un des points de départ du célèbre pèlerinage Tibétain de 10/12 jours à pied autour du massif du Kawa-Karpo (13 pics entre 6000 et 6740m.) également nommé Meili-Xueshan. Nous en aurons une vue fantastique le lendemain sur la route de Shangeri-La.
Prochain épisode : En hiver : Montagne Tibétaine de Deqin à Shangeri-La puis vol vers Lhassa. Domi
La Chine sac au dos (2) : Treks au pays des trois rivières -1er épisode