| Dans le cadre de notre journée spéciale de ce vendredi 20 mars, nous recevons aujourd’hui, Mikael Charette, directeur associé chez Harvey Law Group à Beijing et président du Réseau Québec Chine depuis 2005.
Une petite présentation de la communauté québécoise à Beijing Nous sommes environ entre 200 et 300 québécois à Beijing. Chaque année l’université du Québec à Montréal, la faculté de droit de l’Université Montréal et l’Université Laval organisent des programmes d’échange avec des Universités de la capitale chinoise, ces programmes font toujours augmenter le nombre de Québécois pour la saison estivale. |
Pouvez-vous nous présenter le réseau Québec-ChineLe réseau Québec-Chine est un rassemblement, ou devrais-je dire, une liste d’envoi informelle aux Québécoises et Québécois vivant à Beijing. Elle s’étend aussi aux amis du Québec, qui sont Chinois, mais qui parlent français et qui s’intéressent par la même occasion au Québec.
J’ai voulu constituer un rassemblement de mes compatriotes en 2005, après avoir constaté que la communauté québécoise de Beijing ne se connaissait pas, et qu’aucun événement ne permettait les échanges. Plusieurs pionniers de la Chine avaient un bagage de connaissance incroyable, et qui pouvait servir aux plus jeunes fraîchement arrivés. Selon moi, pour survivre sur une terre étrangère, il faut d’abord s’identifier à ses origines, et un regroupement aide à l’intégration. Il s’agit d’un paradoxe, mais j’en suis fortement convaincu. Nous avons deux rencontres par an, soit la Fête nationale du Québec le 24 juin, et le traditionnel BBQ de la rentrée en septembre.
Quelle est la place de la langue française au sein de votre groupe ?La francophonie est bien évidemment un aspect important du réseau Québec-Chine. Comme on le sait, les Québécois sont des puritains de la langue française. Cela s’explique par notre peur constante de l’assimilation dans l’océan anglophone nord-américain. Nous sommes un peu comme les Gaulois des aventures d’Astérix. Cette tendance se reflète au sein de nos rencontres. Nos compatriotes qui participent à la fête nationale du Québec sont habitués, tout se passe ici en français et en chinois.
Une tendance s’est aussi accentuée ces dernières années, où nous voyons une augmentation du nombre de Chinois qui apprennent le français. Un impact direct, selon moi, des politiques québécoises de l’immigration. De plus en plus de Chinois étudient le français afin de se qualifier pour les programmes d’immigration uniques du Québec. En effet, des écoles de langue française se sont multipliées à Beijing au cours des trois dernières années. Ces établissements offrent des cours spécifiques pour une immigration dans notre province, et également un apprentissage du français pour réussir une entrevue de sélection du Ministère de l’immigration du Québec. Ces nouveaux francophiles pro-Québec, sont bien sûr les bienvenus au sein de notre réseau. Le contact avec les autres Québécoises et Québécois vivant à Beijing, leur permet de mieux connaitre notre culture, nos valeurs, et de découvrir leur potentielle nouvelle terre d’accueil.
Que répresente pour vous le lien entre la Chine et la Francophonie ?Le français demeure dans la tête des Chinois, une langue de romance, de poésie, et signe de beauté. Nombreux sont les étudiants aujourd’hui qui choisissent le français comme seconde langue dans les universités chinoises. M. Lucien Bouchard a inauguré la bibliothèque du Centre d’études québécoises de Beijing dans la prestigieuse Université des études internationales de Beijing en 2001, et depuis, je pense que la contribution du Québec à la francophonie en Chine ne cesse de grandir.
Il faut aussi rappeler que les Jeux olympiques de 2008 ont tapissé la capitale de panneaux en français, et que nous pourrions bien voir le même phénomène en 2022 avec les jeux d’hiver. Les Québécois seront bien présents pour ses Olympiades. Le français est aussi, pour les Chinois, une langue de diplomatie, de fraternité et de diversité par excellence selon moi.
Mon fils de 6 ans par exemple parle le français et le chinois au même niveau, tout en ayant une maitrise de l’anglais comme troisième langue. Mais le français et le chinois prédominent à la maison. Je le vois aussi dans ma pratique juridique, une tendance s’accentue chez les nouveaux riches chinois, ils veulent envoyer leurs enfants dans les écoles du Québec afin qu’il puissent parler trois langues aisément, soit le chinois, le français et finalement l’anglais. Ils investissent dans la future génération, à défaut de ne pas pouvoir parler eux-mêmes le français.
Un message à passer en ce 20 mars ?Je souhaite voir plus de Québécois s’installer en Chine, mais aussi continuer de voir des ponts directs se constituer entre la Chine et le Québec. D’ailleurs un pas est fait dans la bonne direction, avec le vol de Air China qui doit débuter en septembre 2015, qui permettra pour la première fois de faire la navette en vol direct Beijing-Montréal. Une preuve additionnelle, selon moi, que les relations évoluent dans la bonne direction, les efforts de part et d’autre, se concrétisant en une amitié à long terme.