Après Grenoble, c’est à Chengdu, lors de mon passage en avril 2015, que j’ai revu Xiao Yu. Il a bien voulu me recevoir chez lui, dans son bureau-atelier, une première pour un chroniqueur français et qui plus est, de Grenoble, comme les éditions Mosquito.
Xiao Yu, pouvez-vous nous décrire votre parcours, comment vous êtes venu à la Bande Dessinée ?Je suis originaire du Guizhou (au sud de la Chine) où pendant 15 ans j’ai étudié les Arts, j’ai appris les techniques occidentales, je n’ai pas de formation à la peinture chinoise traditionnelle. Très jeune je me suis intéressé aux mangas, et à la BD française. J’ai continué cet apprentissage à l’université avec surtout le dessin et l’aquarelle.
A la fin de mes études, à 20 ans, j’ai produit mes premières oeuvres avec mes premières publications dans des journaux.
En 1997 je suis venu à Chengdu car ici la vie culturelle est plus développée que dans ma province, et aussi pour la BD. Pendant quelques années j’ai été auteur-éditeur, notamment pour l’Etat.
C’est vraiment en 2005, après avoir connu Wang Ning, le directeur de « Beijing Total Vision », que je me suis installé comme auteur. En effet il m’a mis en contact avec plusieurs éditeurs français comme « Glénat » et « Les Humanoïdes ». Mais travailler avec eux représente des contraintes, les scénarios et le style sont imposés.
Petit à petit je suis arrivé à acquérir mon propre style, et à créer mes propres oeuvres.
En effet, ce qui fait votre notoriété en France, c’est que vous écrivez vos propres histoires et que votre style de dessin est très personnel.
D’ailleurs votre dernier album paru en France, « Le temple flottant » est un peu mystérieux pour le lecteur. Quel était votre projet avec cet album ?Oui, cette oeuvre est très originale et personnelle. Dans ce livre, j’ai adapté en BD le roman d’un ami. Le thème principal est la liberté mais j’ai voulu laissé plusieurs interprétations au lecteur. La fin est très particulière, elle reste ouverte, le lecteur peut imaginer ce qu’il veut, d’après ce qu’il a compris précédemment.
Comment qualifieriez-vous votre style ?
(Xiao Yu prend le temps de la réflexion) Je dirais que mon style est sobre et naïf.
Mais c’est un syncrétisme : il porte une forte empreinte culturelle chinoise et en même temps, la marque et l’influence du cinéma et des mangas.
Ce mélange entraîne parfois de fortes ruptures et de forts contrastes, à la fois dans le scénario et dans la mise en page. Certains cadrages de dessins s’approchent des clips vidéo.
Et pour les couleurs comment faites-vous ?Quand je travaille pour des éditeurs, ils imposent leurs contraintes pour les scénarios et pour les couleurs. Je me contente de dessiner en fonction de chaque scénario, et de répondre aux contraintes. Maintenant, avec certains éditeurs, depuis le temps, la confiance est établie, je peux dessiner à mon goût, eux ils font les couleurs.
Pour mes propres oeuvres, j’ai mon scénario et je dessine. Pour les couleurs, j’ai deux assistants, je les laisse libres de faire ce qu’ils veulent.
Vous travaillez en ce moment pour « les Humanoïdes », avez-vous d’autres projets pour l’avenir ?Oui, quand j’aurai terminé ce travail actuel, j’ai le projet d’un album personnel qui aura pour cadre l’histoire récente de la Chine, mais il est top tôt pour en parler.
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Xiao Yu
Le temple flottant