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Messages : 2514 Date d'inscription : 23/01/2010 Age : 54 Localisation : Beijing
| | L'invité du jour : Guillaume Thouroude | |
| En cette journée internationale de la Francophonie, notre invité du jour est le Français Guillaume Thouroude, docteur es Lettres, qui a vécu quatre ans en Chine. Il a enseigné à l'université Fudan à Shanghai, à l'université de Nankin ainsi qu'à l'Alliance française de Nankin. Quelques années plus tard, Guillaume s'est associé avec Rosalind Silvester, qui enseigne dans une université britannique, pour organiser un grand colloque international sur la création franco-chinoise. Ensuite, les deux auteurs ont sélectionné des articles et en ont commandé d'autres pour mettre au point le livre Traits chinois / lignes francophones. | Une petite présentation de votre ouvrage. Ce livre est publié à Montréal, un intérêt pour la culture franco-chinoise plus prononcé au Québec qu'en Europe ?Ce livre est publié à Montréal parce que nous voulions une ouverture sur la francophonie mondiale, et ne pas rester franco-français. En fait, si moi je suis français, Rosalind Silvester, qui a dirigé ce livre avec moi, est anglaise, et il y a parmi les autres contributeurs des Chinois, des Québécois, des Britanniques, une Roumaine, et même un intellectuel français venu d'Afrique. Par ailleurs, les Presses de l'Université de Montréal ont une très bonne collection, "Sociétés et Cultures d'Asie", dirigée par un grand sinologue, Charles le Blanc, et nous avions à coeur de faire partie de leur catalogue. | Pourquoi avoir choisi le titre "Traits chinois" pour rappeler la calligraphie ? Et les "lignes francophones", qu'est ce que cela veut dire ? Le titre est en effet un jeu de mots sur "traits" et "lignes". Le trait c'est d'abord le trait de pinceau dans la calligraphie, l'élément premier de l'écriture des idéogrammes chinois, mais ça renvoie aussi aux "traits du visage", qui donnent l'identité d'un individu. A côté de cela, les "lignes" francophones renvoient aux lignes d'écriture, mais aussi à l'idée de silhouette, de courbes du corps. Ainsi, "traits chinois" et "lignes francophones", c'est une manière de nous renvoyer à des choses très corporelles, des visages, des corps, des formes, des gestes. Car la francophonie chinoise est une chose très physique aussi, ce n'est pas seulement un travail intellectuel.
En dehors des auteurs cités dans votre présentation (François Cheng, Shan Sa, etc.), peut-on dire qu'il y a beaucoup d'autres livres en français écrits par des Chinois, ou restent-ils une exception ? Il y a eu, il y a et il y aura de nombreux Chinois qui décident de créer au sein de la francophonie. Ceux qui sont devenus célèbres ne forment que les arbres qui cachent une véritable forêt. Car nous ne nous intéressons pas seulement aux écrivains, mais aussi aux peintres, aux artistes, aux cinéastes, etc. Et là, nous sommes devant une véritable tradition. |
Prenez seulement les années 1930 : il existait à Lyon un Institut franco-chinois où venaient étudier chaque année des peintres, des décorateurs, des architectes ou des scientifiques. De grands peintres ont émergé, comme la fameuse Pan Yuliang, mais aussi Chang Su-Hong à qui nous consacrons un article dans Traits chinois. Il y a encore beaucoup d'oeuvres à étudier, et à faire connaitre. Notre livre n'est que le début d'un chemin encore long. Une suite à cet ouvrage ?Oui bien sûr, nous réfléchissons à une suite. Il faut sans doute continuer de cartographier cette francophonie très riche et très spécifique qu'est la création franco-chinoise. Une des pistes que je lance en conclusion du livre et que nous voudrions approfondir est la comparaison de la création chinoise en langue française et celle qui se fait dans d'autres langues. Par exemple, qu'en est-il en Allemagne ? De nombreux Chinois étudient l'allemand dans les universités chinoises, l'Allemagne est un grand pays culturel, doté d'une grande tradition orientaliste, philosophique, littéraire, musicale. Beaucoup de Chinois vivent et travaillent en Allemagne. Or je ne suis pas sûr qu'on assiste à un mouvement d'écrivains chinois de langue allemande d'une aussi grande ampleur que ce à quoi on assiste en France et dans la francophonie dans son ensemble. Il faudrait étudier cela, à mon avis, ainsi que les traditions chinoises de langue espagnole, portugaise... Afin de dessiner les raisons d'un tel succès, d'une telle richesse de la création franco-chinoise. Pour en savoir plus : Presses de l'Université de Montréal http://www.pum.umontreal.ca/catalogue/traits-chinoislignes-francophones
Dernière édition par admin le Mer 20 Mar 2013 - 22:05, édité 5 fois | |
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