Jean Ferrat : un homme de parole

Photo sillon38

Si, comme je l’ai lu sous la plume d’un ironiste, le PCF perd une voix avec la disparition de Jean Ferrat, la francophonie aussi. Car les mots que transmettait cet homme, amoureux de la poésie tout autant que de la France, « sa France », étaient d’une grande exigence, d’une justesse et d’une force perceptibles par tous les amoureux de la langue française quelle que soit leur terre d’attache.
Nombreux ont été les messages sur la toile pour le dire.
On a rappelé à l’occasion sa rencontre avec le poète Guy Thomas, citoyen belge né à Verviers et Jurassien fidèle (il réside à Pillemoine) dont il a mis en musique et chanté 14 textes dans « Je ne suis qu’un cri ».
On s’est souvenu que Jean Ferrat était membre du comité d’honneur de l’Union des poètes francophones, qu’il parrainait depuis sa création en 1992 le festival de Barjac « Chanson de parole » qui réunissait des auteurs compositeurs interprètes en marge du show-business, qu’ils le veuillent ou non.
Dans une chanson, parmi mes préférées (1), l’un des plus beaux chants de fraternité que je connaisse, Jean Ferrat, s’adressant à ses amis plus ou moins anonymes, ces gens croisés au jour le jour avec qui l’on échange quelques banalités sur une place, ceux qui se contentent de peu, qui n’ont pas de colère et pourtant usés par la vie, ceux dont il se proclamait semblable, dans un cri du cœur, qu’il aimait comme ses proches, a cette remarque qui serre la gorge:

« J’aurais tant voulu vous aider
Vous qui semblez autres moi-même
Mais les mots qu’au vent noir je sème
Qui sait si vous les entendez

Tout se perd et rien ne vous touche
Ni mes paroles ni mes mains
Et vous passez votre chemin
Sans savoir ce que dit ma bouche ».

C’est un peu tard pour le faire. J’aurais aimé lui dire. Mais en tant qu’ami anonyme, j'avoue que peu de paroles m’ont autant touché, que sa voix ne peut m’être indifférente, que j’aurai sans hésitation fait demi-tour si je l’avais entendue derrière moi sur mon chemin.
…………………………
(1) « J’entends, j’entends »- paroles de Louis Aragon

Que peut-on ajouter à tel hommage, sinon, un témoignage en tant que Belge francophone.
Jean Ferrat est aussi un peu ma jeunesse, on le connaît enfant par la mélodie des chansons, on l’apprécie adulte par la qualité des paroles, des messages qu’il fait passer…
Merci Monsieur Ferrat.