Entretien avec M. Emmanuel Rousseau, Consul Général de France à Chengdu.

Monsieur le Consul, malgré un programme très dense au moment des élections présidentielles, me reçoit dans les locaux de l'Alliance Française de Chengdu.

Monsieur Le Consul, pourriez-vous nous dire ce qui vous a attiré en Chine ?
C'est à la fois un choix et un pari. En 1970 j'ai commencé des études de chinois en faisant le choix de consacrer toute ma vie et ma carrière professionnelle autour de ce pays sans rien en connaître. Au contraire de certains, je n'étais pas fasciné du tout par le maoïsme et je n'appréciais pas du tout la Révolution Culturelle. Je suis rentré au Ministère des Affaires Etrangères et en 1977, j'ai été nommé en Chine, à la fois à Pékin et Oulan-Bator, je partageais mon temps entre ces deux villes.

Ce fut une grande découverte, vécue avec grand intérêt. Ce que je retiens d'abord de la Chine, c'est la qualité de la relation humaine avec les gens, le contact quotidien très enrichissant. C'est aussi un sentiment d'admiration devant l'extrême énergie de ce pays : il n'existe pas d'autre exemple au monde de pays se développant en si peu de temps et avec une telle ampleur, en 30 ans, c'est extraordinaire !

Pourriez-vous nous parler de l'enteprenariat individuel des Français en Chine ?
C'est une question que personnellement je connais peu. Je sais qu'il faut beaucoup de courage pour se lancer, que c'est compliqué. Mais c'est un pays où c'est possible. On peut trouver un soutien avec "UbiFrance", agence française qui apporte son soutien aux PME/PMI dans leur développement à l'international. En Chine, je connais surtout des PME et PMI dans le domaine agroalimentaire, avec quelques exemples qui marchent assez bien, production de champignons, de fleurs, de framboises, de surgelés.

Qu'en est-il des étudiants chinois qui veulent étudier en France ?
Ils sont de plus en plus nombreux. A ce sujet je voudrais dire que la France et le gouvernement chinois ont maintenant un objectif commun en la matière. Il s'agit d'augmenter le nombre d'étudiants chinois en France, dans un cadre très précis appelé "mobilité encadrée". Il sera demandé à chaque étudiant de mettre en place un projet universitaire individuel, dans le cadre d'une coopération entre deux universités. Actuellement seuls 30% d'étudiants viennent en France dans ce cadre. Les deux pays ont la volonté de passer à 50 et même 60 %. Aujourd'hui, il y a presque 35000 étudiants chinois en France, l'objectif est d'atteindre 50000 en 2015. En dehors de ce cadre, les échanges demeurent assez risqués, particulièrement dans le domaine financier où on peut constater des malversations à l'encontre des étudiants chinois. Nous voudrions aussi relever le niveau et faire venir plus d'étudiants en master ou même doctorat.